– Il était une fois le slut-shaming…
– Mais grand-mère, c’est quoi le slut-shaming ?
– C’est un homme, et parfois une femme, qui décide que tu es une « pute » (sans pour autant que tu gagnes de l’argent avec ta sexualité) ou « une fille facile » ou « une salope » et que pour cette raison, tu ne mérites pas son respect et tu devrais en avoir honte.
Toi, en règle générale, tu es plutôt une jeune femme et l’écrasante majorité de tes relations sexuelles ont été consenties dans les deux sens, et se sont déroulées dans le respect de tes partenaires ainsi que de tes propres envies. Ce qui devrait suffire à faire de toi quelqu’un de respectable sur ce point là.
Mais parfois, certaines choses annexes que tu fais – tu as « trop » eu de partenaires, tu couches « trop » rapidement, tu te mets « trop » en valeur – éveillent chez les autres le mythe de « la pute ».
– C’est quoi une pute, grand-mère ? Ca ne donne pas très envie de le devenir…
– Il n’y a pas de raison ma chérie. Les putes et les salopes, c’est comme les fées et les dragons, ça n’existe que dans les contes pour enfants. Le Petit Chaperon Rouge par exemple, raconte l’histoire d’une jeune fille qui se promène seule dans la forêt et qui rencontre un loup. Tu sais ce qu’il lui arrive ? Elle se fait manger par la bestiole parce qu’elle ne s’est pas assez méfiée et qu’elle était trop apétissante. La morale de l’histoire dit que c’est de sa faute, quelque part, elle l’a bien mérité.
Dans La Belle Au Bois Dormant ? Elle se pique le doigt à la pointe d’une queue-nouille à l’aube de ses 16 ans sans avoir attendu le prince. Quelle bêtasse, elle est condamnée à un sommeil très long ! Mais elle l’a bien cherché quand même, quelle idée d’aller foutre ses petites mimines n’importe où.
Blanche-Neige ? Elle n’a pas pu s’empêcher de croquer dans la pomme rouge avant de rencontrer le prince… t’imagines un peu ? -Hop- Rupture d’anévrisme sévère pour Madame afin qu’elle comprenne la leçon. « On ne croque pas dans la première pomme qui tombe de l’arbre ! » Non mais.
Et si tu es dans un pays où ces contes de fées n’existent pas, la religion est parfois un parfait substitut.
– On est forcément puni quand on a une relation sexuelle « trop » rapidement dans la vie ?
– Eh bien non ma chérie, tout simplement parce qu’il n’y a pas de « trop ». Le bon tempo, c’est le tien. Mais parfois, certaines personnes croient tellement aux contes de fées qu’elles s’imaginent que les femmes sont des princesses, un petit être fragile en haut d’une tour à conquérir. Si la conquête n’est pas assez longue et assez difficile, alors elles perdent leur valeur et deviennent « une fille facile ». C’est une façon un peu bébête de voir le monde à travers des mythes archaïques.
Sais-tu qu’au Moyen-Âge, on brûlait les femmes parce que c’était des sorcières ?
– C’est pas très gentil. Les sorcières, ça n’existe pas !
– Eh bien ça n’existe pas non plus les putes, les filles faciles et les salopes.
Pourtant, plus de cinq siècles après, on les montre encore du doigt sur la place publique.
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Je tiens encore une fois à préciser que dans ce post que le mot « pute » est employé comme une insulte qui va bien au delà de la prostitution, c’est pourquoi il est assimilé à « fille facile » et à « salope ».
Les travailleurs du sexe existent bien évidemment dans la vraie vie et… heureusement !