Nous sommes dimanche, il est 15:00 sur la place du Trocadéro. L’air est humide, le vent souffle fort et moi, j’ai froid. En talon haut, vêtue simplement d’un petit body noir moulant, je vois tous les passants amusés qui me regardent trotter derrière le pas assuré de Julia Palombe en riant entre eux. Pourquoi je fais tout ça moi déjà ? Julia se retourne, elle nous sourit « Allez les girls ! On y va ! » Ah oui, c’est vrai ! Le cancer du sein.
Bink Bra Bazaar, engagé dans l’éducation à la santé du sein
Bink Bra Bazaar, c’est l’association (reconnue « d’intérêt général », s’il vous plait) qui nous veut du bien, à nous les femmes. « Prenez soin de vous ! » clamait Kathryn, la cofondatrice de l’association à la fin de son discours général sur le Trocadéro. Et prendre soin des autres, cette association le fait au quotidien dans ses démarches pour l’éducation à la santé du sein et pour le soutien des femmes atteintes de cancer. Aujourd’hui, une femme sur 8 développe cette maladie et c’est la première cause de décès féminin par cancer. Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, plus vite un cancer est diagnostiqué et plus il est simple d’en guérir.
Julia Palombe, chanteuse et danseuse, est l’ambassadrice de cette association et a imaginé la chorégraphie « I love my boobs / J’aime mes seins» dansée par sa meute d’effeuilleuses burlesques, de performeuses érotiques, de danseuses et de… moi (qui ne rentre dans aucune des catégories précédentes, mais qui a quand même su coordonner ses mouvements avec l’équipe. Je n’ai pas dis que c’était élégant, hein, c’était « coordonné ».)
Et danser ça permet d’en parler ? Et bien oui !
Dans notre petite choré bien sympathique, Julia a incorporé les gestes de « l’autopalpation », une des techniques pour dépister au plus vite un cancer précoce soi-même. Il est conseillé (à tout âge) de faire une autopalpation une fois par mois. Evidemment, cela reste une danse donc ce n’est pas très pédagogique… mais ça permet d’aborder un sujet sérieux en s’amusant !
D’après Julia Palombe :
« Communiquer joyeusement avec un brin d’érotisme me semble toujours être la bonne façon de communiquer, quelque soit le sujet. C’est mon parti pris. Il n’est pas nécessaire de prendre une tête d’enterrement pour évoquer des thèmes dramatiques. Je trouve au contraire sublime, de traiter un sujet sérieux comme la lutte contre le cancer du sein, avec légèreté et humour. Il y a là pour moi une prise de recul, qui marque la force de l’humain à se détacher de la réalité, pour mieux exprimer une difficulté par rapport au monde. »
Ils nous a valu de nombreuses heures de répèt’ pour au final seulement quelques minutes à sourire et à nous agiter dans le froid…et pour quelques vies sauvées, qui sait ?
Clichés : Pascal Brizard